novembre 20, 2023
Crédit photo : Le Bataillon des Canaris lors de la Journée du Folklore et des Traditions 2019 à Namur. – CC License – André de Géronsart
Le Bataillon des Canaris était à l’origine une unité militaire belge composée de volontaires namurois lors de la première révolution belge en 1789. Jouant un rôle important dans la région de Namur pendant plusieurs décennies, le bataillon a été déployé à plusieurs reprises pour remplir différentes missions.
Aujourd’hui, l’importance culturelle et patrimoniale du Bataillon des Canaris en Wallonie ne peut être sous-estimée. C’est pourquoi il a été reformé par une vingtaine de volontaires et participe de nos jours à l’animation de la citadelle de Namur.
Origine et histoire du Bataillon des Canaris
La première révolution belge
En 1789, le peuple belge était de plus en plus mécontent des réformes imposées par Joseph II. Dans différentes régions du pays, comme la Flandre, la Wallonie et Bruxelles, un mouvement patriotique se forma, réclamant la fin du régime autrichien et l’indépendance de la Belgique. C’est ainsi qu’éclata le soulèvement. Sous le commandement du général Van Der Mersch, une troupe d’environ 3000 volontaires repoussa les garnisons impériales jusqu’au Luxembourg après avoir remporté une victoire contre les Autrichiens à Turnhout.
Ce fut la « Révolution Belgique », et la proclamation de la république des « Etats Belgiques Unis » (belgique était utilisé alors comme adjectif).
Malheureusement, cette première période d’indépendance ne dura qu’un an à peine. Un groupe politique de l’époque, connu sous le nom de “Statistes”, prit rapidement le contrôle du pouvoir. Ils passèrent plus de temps à persécuter les démocrates belges, appelés les Vonckistes, qu’à fournir à la jeune nation une armée capable de maintenir la paix aux frontières. Malgré la bravoure de quelques unités, notamment le Bataillon des Canaris, l’armée belge fut vaincue le 28 septembre à Falmagne.
En décembre 1790, le pouvoir autrichien était restauré dans toute la Belgique.
Le Bataillon des Canaris de nos jours
De nos jours, le bataillon a été reconstitué par Jean Fivet et est fort d’environ 20 personnes.
Le « Bataillon des Canaris de Namur », reconnu officiellement le 16 septembre 1972 comme héritier légitime de ses valeureux ancêtres de 1789, a pour objet la défense et la promotion du folklore militaire namurois, de l’histoire de la région de Namur, ainsi que de l’histoire de la Révolution Belgique. Il évolue vers la reconstitution, notamment en renouvelant ses uniformes avec des draps de laine comme il était d’usage dans les armées du 18e et en s’équipant de fusils à silex.
Il propose au public des salves, charges à la baïonnette, écoles du soldat, simulacres de combat et marches au son du fifre et des tambours et assure l’animation de la Citadelle de Namur où il possède sa caserne. Chaque année, il y assure son célèbre bivouac le temps d’un week-end.
Le 19 mai 1979, au cours d’une prestation dans la capitale, le Bataillon remet solennellement un costume de Canari à Manneken Pis et lui décerne le premier diplôme de Caporal d’honneur du groupe.
Poussé par la préservation des traditions, le bataillon des Canaris est un des membres fondateurs de l’ASBL Folknam et depuis sa création, il a défilé dans de nombreuses localités belges et françaises et même lors d’événements prestigieux, comme lé défilé de la Fête Nationale Belge à Bruxelles le 21 juillet 2001.
L’uniforme du Bataillon des Canaris
L’uniforme actuellement porté par les membres du bataillon des Canaris est une reconstitution fidèle des tenues datant de 1789-1790. Il a été créé en se basant sur des documents conservés au Musée Royal de l’Armée à Bruxelles ainsi qu’aux Archives générales du Royaume.
Le chapeau utilisé par le bataillon des Canaris est un tricorne de feutre noir appelé “à la suisse”, qui était très populaire à la fin du XVIIIe siècle. Ce type de chapeau se distingue par ses deux cornes latérales très grandes, qui font que les bords du chapeau sont horizontaux sur les côtés, tandis que la corne avant est très petite. Il est agrémenté d’un plumet vert en “piquet de coquilles” (alors que toutes les autres unités portaient un plumet tricolore) et d’une cocarde noire, jaune et rouge. Il est intéressant de noter que dans cette cocarde, le rouge est placé au centre pour la troupe, tandis que pour les officiers, c’est le noir qui occupe cette position centrale.
Les membres du bataillon des Canaris portent un gilet de couleur blanche ou jaune, ainsi qu’une veste courte et échancrée de couleur jaune, ornée de parements, d’un collet et de retroussis noirs. Les soldats ont des épaulettes vertes tandis que les officiers les ont dorées. Le pantalon est soit jaune soit blanc et est serré avec des guêtres. Seuls les officiers portent des bottes.
Enfin le Canari est armé du fusil de chasseur, garni d’une baïonnette.
